Hagi Yaki | DemysTEAfication
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23 octobre 2014

Musée Uragami

mingqi boeuf et char

Situé à trois pas de la mairie de la ville de Hagi, le Musée Uragami a été ouvert en 1996 et porte le nom de Mr Toshiro Uragami, dont la collection personnelle est présentée ici, et qui a souhaité donner à sa ville natale un musée d'envergure nationale destiné non pas seulement à montrer au public les œuvres du passé, mais aussi à promouvoir la céramique contemporaine.

Hagi Uragami Museum
Photographie © Hagi Uragami Museum

De construction résolument contemporaine, le bâtiment a été initialement conçu par Kenzo Tange, qui a également été l'architecte du Musée Départemental des Arts Asiatiques de Nice, de l'immeuble "Grand Écran" de la place d'Italie, de la banque de Shanghai ou du siège du gouvernement métropolitain de Tokyo. En 2010, un "pavillon" supplémentaire est ajouté pour accueillir plus spécifiquement les pièces de céramique contemporaine.

Musée Uragami de Hagi

L'ensemble forme un espace résolument ouvert sur l'extérieur, ce qui permet notamment d'exposer des sculptures monumentales dans les espaces clos extérieurs, mais qui entraine également le visiteur dans des espaces où règne la pénombre dans un constant jeu entre l'ombre et la lumière.

Hagi Uragami Museum
Photographie © Hagi Uragami Museum

La grande galerie du premier étage permet de donner une grande vitalité à cet espace en lui offrant la place de mettre en scène des expositions temporaires d'importance ou de faire tourner les collections dont l'exposition pose des problèmes de conservation du fait de leur fragilité, comme pour les estampes, par exemple.

Musée Uragami de Hagi
Photographie © Hagi Uragami Museum

Naturellement, comme souvent dans les musées privés, les photographies sont interdites, pour des questions de droits d'image, mais aussi de conservation. Ici, seuls quelques rares espaces et quelques œuvres peuvent être prises en photographie.

Hagi Uragami Museum Hagi Uragami Museum

Les collections actuelles sont d'ampleur et comptent 5200 estampes ou Ukiyo-e, 500 céramiques chinoises et coréennes, mais aussi quelques pièces venant des pays du golfe persique, et plus de 750 œuvres de céramique japonaise moderne ou contemporaine, avec une politique d'acquisition qui semble se poursuivre dans le domaine de la céramique japonaise contemporaine.

Hagi Uragami Museum
Porcelaine Coréenne, Dynastie Joseon. Photographie © Hagi Uragami Museum
Heterophony3
Akiyama Yo, Heterophony3, grès, 2007. Photographie © Hagi Uragami Museum
Hagi Uragami Museum
Katsushika Hokusai, Sept occupations de Jeunes femmes : La longue-vue.
 Photographie © Hagi Uragami Museum
Hagi Uragami Museum
Kitagawa Utamaro, Naniwa-ya Okita. Photographie © Hagi Uragami Museum
 
Hagi Uragami Museum
Miwa Jusetsu (Kyusetsu 11th), Chawan, 'Inochi-no-kaika', grès, céramique de Hagi de type Oni-hagi, 2003. Photographie © Hagi Uragami Museum

3 octobre 2014

Hagi Yaki : Cuisson au bois ou cuisson au gaz ?

céramique de Hagi ceramic Shibuya Deishi
Pièce Hagi cuite au gaz, réalisée par Shibuya Deishi

La céramique de style Hagi, bien que non réductible à une seule sorte de couverte, est toutefois caractérisée par une couverte de couleur blanche, assez crémeuse et relativement douce.

Cependant, au sein de cette couverte largement dominante dans le style de Hagi, une différence de taille mérite d'être soulignée : la cuisson traditionnelle au bois et les effets particuliers qu'elle engendre ...

Hagi cuisson au bois Hatao Yoshika

Céramique de Hagi cuisson traditionnelle Hatao Yoshika

Hatao Yoshika

La cuisson traditionnelle au bois des céramiques de Hagi se fait en four grimpant, que l'on appelle aussi " four dragon " ou encore noborigama. Ce type de cuisson au bois va produire des effets sur la couverte blanche, faisant passer celle-ci entre toutes les nuances allant du rose foncé au rose clair.

Les effets de couleur produits sont le résultat de l'exposition aux flammes et surtout de l'exposition aux retombées de cendres, qui viennent se mêler à la couverte pour lui donner ses couleurs si particulières. Les faces des pièces directement exposées, face au feu et aux courants d'air chargé de cendres seront donc plus foncés, certaines parties exposées ne seront cependant que partiellement touchées par les retombées de cendres, là encore en fonction des courants d'air chaud, mais aussi des pièces avoisinantes, qui vont jouer sur ces courants, laissant parfois des plages plus blanches au sein d'espaces fortement colorés par les retombées de cendres, comme l'illustrent bien les différentes photographies, ci-dessus et ci-dessous.

Chaque pièce qui va sortir du four à bois sera donc absolument unique, résultat d'un processus aléatoire et impossible à reproduire à l'identique, même s'il permet de jouer sur les effets produits selon le placement des la pièce dans le four.

Comme toujours, les deux types de cuisson permettent chacune un résultat particulier et chaque type ainsi produit a des charmes qui lui sont propres.

Hatao Yoshika et Shibuya Deishi
Deux Yunomi de style Hagi, celui de gauche réalisé par Hatao Yoshika et cuit dans un four à bois et celui de droite réalisé par Shibuya Deishi et cuit dans un four à gaz

10 septembre 2014

Musée de la Poterie de Hagi

céramique Hagi-Yaki stoneware

Situé à Hagi, à côté de l'entrée du parc Shizuki et des ruines du château de Hagi au pied du mont Shizuki, le Musée de la Poterie de Hagi est un micro-musée privé directement lié à une boutique de vente de céramique.

Hagi-Yaki stoneware museum

La collection particulière présentée est constituée de pièces anciennes et de pièces un peu plus contemporaines offrant un assez large panorama de formes, de textures et de couvertes ainsi que quelques pièces en lien avec les arts décoratifs traditionnels de la région.

Hagi-Yaki

Hagi museum

Bien que la muséographie soit un peu passée, elle permet néanmoins une certaine proximité avec les œuvres et bien que ce musée présente relativement peu de pièces en comparaison d'autres musées de la ville de Hagi, il permet tout de même d'admirer des exemples de couvertes anciennes directement issues de la tradition des premiers potiers coréens installés au Japon. Certaines pièces ornementales montrent, en outre, une grande maîtrise d'exécution et valent, à elles-seules, la visite, en particulier celles de Miwa Kiraku VI datant de la fin de l'époque Edo. Sont enfin également présentés divers ustensiles pour la cérémonie du thé, en particulier des chawan anciens de type Ido, là encore datant majoritairement de la période Edo.

Musée de la Poterie de Hagi yaki

1 mai 2012

Merci !

Bon, je pense que vu la qualité des pièces que j'ai pu acquérir, je dois au moins un petit post dédié à celles-ci !

Tout d'abord un petit Yuzamashi de Yamane Seigan :

yamane seigan

Puis un grand Chawan, toujours de Yamane Seigan :

yamane seigan

Un grand Yunomi de Deishi Shibuya :

yunomi

Et un exceptionnel Yunomi par Kaneta Masanao :

Yunomi

Toutes ces pièces sont en Hagi. Les deux pièces de Yamane Seigan sont très représentatives de ce qu'il a réalisé a une époque de sa vie. Il est actuellement tourné vers d'autres expérimentations. Son Chawan est par ailleurs superbe, très grand et entièrement monté à la main.

Le Yunomi de Deishi Shibuya est dans un style Gohonde réinterprété ... je dirais même modernisé, avec un aspect conforme trait pour trait à la tradition et un aspect qui s'écarte de cette voie et introduit de nouveaux traits de caractères.

Enfin, le Yunomi de Kaneta Masanao est une pure merveille, mélange entre une pièce longuement réfléchie et travaillée et une pierre brute tout juste dégrossie, avec un toucher laiteux, comme la couleur de l'engobe.

Donc, encore merci !

11 avril 2012

Quelques oeuvres de Yamane Seigan

S'il est un personnage atypique à Hagi, c'est bien Yamane Seigan : d'abord karatéka, il monte son Dojo où il continue toujours à enseigner, puis se lance un jour dans la céramique et monte son propre four - atelier en un an ! Il tient dès lors l'atelier Kousaian, tout en continuant le karaté et la calligraphie.

Ao Hagi

Si les pièces bleues sont caractéristiques de ses productions, celles-ci ne se limitent cependant pas à ce seul aspect. Yamane Seigan explore en effet toutes les facettes du Hagi "traditionnel", s'appropriant les formes et les glaçures "historiques", tout en inventant de nouvelles formes, de nouvelles glaçures et d'autres moyens de les appliquer, semblant d'abord peindre un "motif" pour le laisser finalement dégouliner en surimpression d'un autre ou "essuyant" une partie de la couverte appliquée pour provoquer un retrait partiel de cette dernière, laissant apparaître l'argile cuite tout en la recouvrant quelque peu, presque imperceptiblement.

Yamane Seigan est par ailleurs extrêmement productif, et l'on trouve facilement ses oeuvres qui ne coûtent pas une fortune, du moins pour les pièces courantes. Il a aussi une petite production de luxe, moins courante et plus difficile d'accès.

Hagi bleu

Ensuite, comme toujours, le génie artistique interprète à l'infini les mêmes formes sans pour autant que celles-ci soient identiques ... c'est là aussi la caractéristique de l'oeuvre manuelle et du travail du vrai potier, comme le dit Michel : How can people understand what they are missing if in their lives they don't use handmade pottery ? Pour ma part, je pense qu'il ne comprendront jamais ...

... Alors plutôt qu'un Mug Starbucks en porcelaine ou plus vraisemblablement en faïence de fabrication totalement automatisée, adoptez en un réalisé par Yamane Seigan !

9 avril 2012

Quelques oeuvres de Shibuya Eiichi

Si la connaissance et l'appréciation des œuvres d'art se fait en partie grâce à l'étude et à l'accès au savoir théorique et aux outils d'analyse, c'est avant tout par le regard sur des œuvres que l’œil peut réellement se former.

Ainsi, si la connaissance des aspects techniques de leur fabrication est un élément de la compréhension des céramiques quelles qu'elles soient, il est donc malgré tout nécessaire d'observer le plus grand nombre d'œuvres céramiques pour se faire une idée de leur valeur esthétique et de leur valeur en tant que pièce unique. Je vous présente donc aujourd'hui trois pièces réalisées par Shibuya Eiichi, petit-fils de Shibuya Deishi.

Hagi

Il s'agit là de trois Yunomi, totalement différents cependant, comme vous pouvez aisément vous en rendre compte. Celui qui connaît les œuvres de Shibuya Deishi retrouvera sans conteste son influence dans les deux pièces à partir de la gauche, et plus encore dans la première pièce à partir de la gauche. Malgré tout, il y a de nettes différences avec les œuvres de Shibuya Deishi, une sorte de continuité dans l'évolution, comme je le soulignais déjà dans un article précédent.

D'un point de vue purement technique, Shibuya Eiichi semble utiliser une argile plus raffinée et un engobe plus dur que son grand-père, car le culottage et l'évolution que connaît les pièces de type Hagi-Yaki se fait plus lentement que pour celles de Shibuya Deishi. Cela est peut être aussi le résultat d'une cuisson un peu plus poussée en terme de température.

Enfin, si les deux Yunomi en partant de la gauche sont des pièces d'un type que l'on pourrait qualifier de "courant", il n'en est pas de même de la pièce située à droite : Un "Eiichi's Rock" ... littéralement, une "pierre" ou un "caillou" de Eiichi.

Hagi Yaki

Il s'agit d'une pièce cuite au feu de bois, d'où les coulures "dans" la couverte, qui proviennent de retombées "accidentelles" de cendres, qui se mélangent et se vitrifient avec l'engobe d'origine et qui lui confère cet aspect particulier ainsi que cette couleur légèrement différente. Les bords du Yunomi sont très irrégulier, tout comme le corps, semblant indiquer un montage entièrement réalisé sans tour. L'absence de couverte par endroits sur l'argile "vitrifiée" renforce encore cet aspect brut caractéristique de cette série de Yunomi, parmi les premiers réalisés par Shibuya Eiichi avant qu'il ne réalise aussi des pièces pour le thé plus "conventionnelles".

30 mars 2012

Les Marques de Shibuya Eiichi

Shibuya Eiichi est le petit-fils de Shibuya Deishi, qui tient l'atelier Odaibagama à Hagi, nom d'une ville côtière, mais aussi d'un style de céramique, le Hagi-Yaki.

Je le répète ici encore une fois, le Hagi est une couverte appliquée, c'est-à-dire qu'une fois l'objet créé à partir d'argile, puis mis à sécher, il est recouvert d'une glaçure ( ou engobe ) qui va lui donner sa couleur;

Si on trouve les oeuvres de Shibuya Deishi assez facilement sur internet, il n'en est pas de même de celles de son petit-fils, qui sont plus rares, au sens où il "débute" et où il commence à se faire un prénom. Quelques unes de ses œuvres ont été d'ailleurs remarquées, en particulier ses "Rocks", véritables yunomi-cailloux très originaux et réellement particuliers dans le monde de la céramique "utilitaire". C'est justement ce genre de produits qui me fait penser qu'un brillant chemin devrait s'ouvrir pour Shibuya Eiichi, car c'est une sorte de mariage entre une céramique ancestrale ainsi que traditionnelle par bien des aspects et une céramique résolument moderne dans ses formes.

On voit également par d'autres créations une réelle filiation avec l’œuvre de son grand-père qui lui transmet visiblement une multitude de secrets de fabrication qu'il semble assimiler tout en y apportant des modifications visibles si on prête une certaine attention à ses créations.

Après cette petite présentation, parlons de ses marques. Pour ce qui est de celles-ci, il semble qu'il y ait tout d'abord une marque que je qualifierai de "marque de jeunesse" et qui est en fait sa signature :

Hagi

Hagi yaki

On retrouve aussi cette signature, un peu plus facilement lisible sur les Tomobako, accompagnée par son cachet :

Hagi

Shibuya Eiichi

Ce cachet semble servir désormais de nouvelle manière de marquer ses pièces, à la manière dont le fait son grand-père Shibuya Deishi pour ses propres pièces :

Shibuya Eiichi

Cette marque semble d'ailleurs un peu imparfaite, difficilement lisible, comme si Shibuya Eiichi cherchait encore à obtenir quelque chose approchant plus parfaitement le cachet qui orne ses Tomobako.

4 février 2012

Les changements du Hagi

"Ichi Raku, ni Hagi, san Karatsu" serait une vieille maxime japonaise qui expose une hiérarchie dans le goût du Wabi-sabi : en premier le style Raku, puis le style Hagi et ensuite le style Karatsu ... mais chacun ses goûts, car pour moi, le Hagi est bien mieux que le Raku ...

La ville de Hagi est située en bord de mer, au nord de la préfecture de Yamaguchi, dans la région de Chugoku ( Ouest de Honshu ).

Hagi Yaki

Il y aurait deux style "historiques" dans le Hagi, la couverte blanche et la couverte plus ou moins gris-rose à points. Tout cela aurait été inventé par des potiers Coréens implantés à Hagi au début du XVIIème siècle. Plus récemment, se rajoutent divers "nouveaux" types, comme la couverte bleue ou la couverte "orangée". Mais toutes ont la même particularité, plus ou moins prononcée, celle de porter  une couverte poreuse qui laisse les tanins du thé s'infiltrer jusqu'à l'argile cuite.

Au départ, c'est-à-dire lorsqu'il est neuf, la pièce ressemble à tous les autres types de céramiques à couverte que l'on peux voir ailleurs. A priori, rien d'exceptionnel dans cette couverte blanche, la plus courante ...

Mais dans ce cas, qu'est-ce qui peut bien être si attirant dans ce style de céramiques, pour qu'il soit relativement populaire et que des sites lui soit consacrés, comme celui-ci.

Si l'attrait du Wabi-sabi se fait sentir ici, une autre caractéristique explique également le succès de la céramique de Hagi : ses transformations au fil du temps et des utilisations. Il ne s'agit pas là pourtant d'un trait unique au Hagi, car d'autres styles voient leur aspect se modifier légèrement avec le temps et l'utilisation qui en est faite :

cfoc
Une céramique chinoise avec une couvert de type "Shino", dont j'avais déjà parlé ici.
bol japonais en shino
Un chawan de style Shino gris.
Mais avec le Hagi, tout est exacerbé à l'extrême, ce qui constitue certainement le trait de caractère unique au style ...

Tout commence avec une couverte plus ou moins uniforme, à la texture relativement laiteuse, avec une couleur, pour la couverte blanche, oscillant entre le blanc ivoire et le blanc nuancé de bleu voire de noir, en fonction du mode de cuisson ( en four à gaz moderne ou en four à bois traditionnel ).

Hagi Yaki

Hagi yaki

Du Yunomi au Chawan, une couverte immaculée donc ... qui se couvre de rose dans certaines conditions ...

Hagi yaki

Deishi shibuya

Deishi shibuya

chawan japonais

Deishi shibuya

Puis vient la première utilisation, et les suivantes, qui marquent la céramique d'une façon aléatoire en soulignant les craquelures de la glaçure.

chawan

J'ai bien dit "d'une façon aléatoire", car les craquelures sont naturelles et se forment après la cuisson de la pièce, lors de son refroidissement. Dès lors, chaque pièce aura ses propres craquelures, uniques comme une empreinte digitale, car issues de combinaisons issues du "hasard". Les tanins s'insinuent ensuite entre ces craquelures, qui s'en trouvent alors soulignées.

bol a thé blanc

Deishi shibuya

cérémonie du thé

A noter que de nouvelles craquelures peuvent se former bien longtemps après la cuisson, après les premières utilisations, en particulier avec les couvertes très épaisses : il y a maintenant quelques années ( euh, au moins six ou sept ans, il me semble ), j'ai acheté, auprès de Magokorodo. Je buvais à l'époque uniquement du thé vert japonais dont beaucoup de matcha. Je pense que je devais être lassé de préparer et de boire mon matcha dans un bol à chocolat aux couleurs flashy et je me suis donc porté acquéreur d'un bol type "été" assez évasé et peu profond, à la couverte blanche relativement épaisse. Après avoir utilisé mon nouvel instrument, je le rinçais à l'eau tiède et le mettais à sécher sur un égoutteur de bois. Au fur et à mesure que le bol séchait, quelle ne fut pas ma surprise d'entendre des "tinc - tinc" plus ou moins bruyants. la réaction de surprise passée ( mais si, vous savez de quoi je parle, celle où l'on se dit "M...., j'ai dû faire une C......." ), j'ai constaté que des craquelures s'étaient formées. Comme le phénomène continua pendant les trois à quatre utilisations suivantes, de rapides recherches et questions à droite à gauche m'apprirent que cela était naturel ( et c'est là que mon intérêt pour le Hagi se fit jour ).

Mais les transformations subies par la pièce de céramique ne s'arrêtent pas là. En effet, les tanins imprègnent peu à peu le coeur et finissent par "traverser" pour souligner les craquelures présentes également à l'extérieur de la pièce.

chanoyu

Par la suite, les tanins s'infiltrant ( et s'oxydant ) encore dans la couverte et dans l'argile cuite, modifient peu à peu la couleur même de la couverte.

Deishi shibuya
Éclairage direct
Deishi shibuya
Le même Yunomi, avec un éclairage latéral
Chaque pièce réagit différemment, même issues des mains du même potier. C'est ici que la collection, au sens scientifique du terme, peut être de quelque secours à démêler le vrai du faux. On pourrait en effet penser que tout est fonction, avant tout, de la terre utilisée :

Deishi shibuya
A gauche, une terre très fine et assez rouge ( car elle contient plus de fer ? ), à droite, une terre plus grossière, plus "jaune", avec de "petits cailloux" ( Feldspath ? Silice ? ).
coupes a sake
A gauche, les craquelures intérieures sont faiblement soulignées, signe d'une faible infiltration des tanins, à droite, c'est le contraire, signe d'une plus forte infiltration des tanins.
Deishi shibuya
A gauche, pas ou peu de craquelures soulignées à l'extérieur, à droite, les craquelures sont soulignées.
On pourrait conclure que la terre joue donc un rôle essentiel dans l'infiltration des tanins, mais d'autres pièces questionnent cette conclusion :

yunomi

yamane seigan

yamane seigan

Ici, la terre utilisée est également extrêmement raffinée, mais le nombre de craquelures est littéralement immense. Je formule donc l'hypothèse que les tanins s'infiltrent en partie en fonction de la cuisson de la pièce. Avec une cuisson de type terre cuite ( 800°C à 1200°C ) la pâte est plus poreuse, et avec un cuisson de type grès ( 1250°C à 1300°C ), la pâte est plus dure ( les anglophone appellent d'ailleurs le grès "Stoneware" qui, littéralement, traduit signifie "bien en pierre" ) et donc moins poreuse.

Certaines terres cuites mettent cependant du temps à absorber les tanins, comme avec ce Yunomi de Yamane Seigan, dont les craquelures n'ont commencé à se souligner qu'au bout d'un an d'usage fréquent.

yamane seigan

Je formule donc ma seconde hypothèse, à savoir que la dureté de la couverte ( donc son degré de vitrification ) joue aussi un rôle dans la pénétration des tanins et que le résultat sur les craquelures est issu de la "combinaison" du potentiel de la terre et de la couverte à plus ou moins freiner la pénétration des tanins aux coeur de la pièce.