DemysTEAfication

5 mai 2014

Yunnan d'Or " Terre de Chine "

thé rouge

Ce thé rouge, originaire de la province du Yunnan, est commercialisé par Terre de Chine au prix de 14 € les 100 grammes, ce que l'on peut considérer comme étant un prix relativement peu onéreux pour un thé en vrac.

pichet en verre pour le thé

Peu accoutumé aux thés rouges, on pourra dire que ceux-ci ne constituent pas ma "tasse de thé" habituelle ... peut être parce que cette famille de thé évoque trop pour moi le sachet de Lipton Yellow ...
 
céramique de Hagi

A l'odeur, c'est bien le sachet jaune qui est présent et ne laisse augurer rein de très bon, mais le goût détrompe cette première impression. Car la liqueur a un corps très présent tout en étant douce, sans aucune amertume, avec la domination des notes de miel et de prune séchée. L'ensemble est peu complexe mais sa rondeur constitue une bonne surprise.

Argile de Yixing

L'infusion est assez inégale, avec quelques bourgeons, des bourgeons accompagnés d'une première feuille, mais aussi des tiges, des feuilles de toutes tailles et des brisures éparses ... Même si l'on peut lui reprocher son manque de complexité, ce n'est pas un thé désagréable et on peut même lui accorder un rapport qualité / prix tout à fait honorable qui pourrait lui permettre de remplacer fort avantageusement bon nombre de thés de consommation courante.

Thé rouge

28 avril 2014

Japanese homes and their surroundings

la maison japonaise et tout ce qui l'entoure

Initialement publié en 1886, cet ouvrage de Edward S. Morse n'a pas pris une ride et est toujours d'actualité pour qui veut avoir une première approche détaillée de la maison japonaise et de tout ce qui gravite autour. En fait, on est proche d'une sorte de "bible", un ouvrage de référence pour qui s'intéresse à l'architecture japonaise ou pour qui veut comprendre le style de vie japonais de l'ancien temps. Naturellement, cet ouvrage a connu des rééditions, chez Dover Publications ou  chez Tuttle, maisons d'édition spécialisées dans la réédition d'ouvrages du XIXème siècle, et est donc largement disponible à prix modique, en particulier sur les "grandes" librairies en ligne.

japanese room

Non content de parler de chaque pièce qui constitue la maison japonaise traditionnelle, de l'entrée aux toilettes, en passant par la cuisine, l'auteur détaille et explique très simplement l'usage d'une multitude d'objets de la vie quotidienne dans l'ancien Japon, de l'hibashi au porte-serviettes.

japanese towel rack, antiquités japonaises, japanese antiques

Les différents éléments architecturaux, et pas seulement les formes de maisons, sont également détaillé, des types de tuiles aux escaliers, en passant par les Shoji, les lanternes de jardin, les escaliers, les pots de fleurs, les haies, ... . Cerise sur le gâteau, l'ouvrage est abondamment fourni en gravures, qui viennent toujours illustrer fort à propos telle ou telle partie du discours.

Enfin, la partie sur la chambre de thé est relativement intéressante et est une bonne introduction pour qui s'intéresse à leur histoire ou à leur organisation.

intérieur de pavillon de thé, Sen no rikyu

La meilleure illustration de la richesse du contenu de l'ouvrage reste encore son sommaire, qui s'organise comme suit :

Chapitre 1 : La maison
Apparence des villes et villages - description générale de la maison - construction de la maison - structure et fondation - renforcement de la structure - sélection du bois - la construction des plafond - les séparations et les murs - la structure des Kura - les charpentiers japonais - les outils des charpentiers et leur utilisation.

Chapitre 2 : Types de maisons
Les maisons de ville et les maisons de campagne - maisons de pêcheurs - Kura - étude des toits - toits en bardeaux - toits en tuiles - toits en pierre - toits de chaumes

Chapitre 3 : Les intérieurs
Descriptions - plans - tatamis - les écrans coulissants - Fusuma -Hikite - Shoji - Tokonoma - Chigai-dana - chambre de thé - Kura - les plafonds - les murs - Ranma - fenêtres - les écrans portables

Chapitre 4 : Les intérieurs - suite
Cuisine - sols - placards - escaliers - bains publics - baignoires - porte-serviettes - literie et oreillers - Hibachi et Tabako-bon - bougies et bougeoirs - lampes et lanternes - autels domestiques - les nids d'oiseaux dans la maison - toilettes

Chapitre 5 : Entrées et chemins d'approche
Vestibule et hall - vérandas et balcons - Amado - To-bukuro - Chodzu-bachi - porches - barrières

Chapitre 6 : Les jardins
Stèles - Ishi-doro - ponts - pavillons d'été - bassins - chemins - bonzaïs et pots de fleurs

Chapitre 7 : Divers
Puits et alimentation en eau - fleurs - décorations d'intérieur - précautions contre le feu - maisons de styles étrangers - l’absence de monuments

Chapitre 8 : La maison ancienne
Allusions à la maison dans les archives anciennes japonaises

Chapitre 9 : Les maisons des voisins
La maison des Aïnous - des insulaires Bonin - des Loochooan - des coréens - des chinois - remarques de conclusion

entrée de maison traditionnelle japonaise

23 mars 2014

Il faut garder la pêche !

demysteafication

La pêche est un symbole que l'on rencontre assez souvent dans la sphère culturelle chinoise, mais aussi, dans une moindre mesure cependant, dans la sphère culturelle japonaise.

La pêche est avant tout un symbole de longévité. Ainsi, selon la légende, Xiwangmu, Reine-mère de l'Occident dans le panthéon taoïste,  cultiverait des pêchers qui ne donneraient des fruits que tous les mille ans, la consommation d'un de ces fruits donnant l'immortalité. De plus, le caractère Shou signifiant "longévité" désigne également la pêche en tant que fruit ; les Lettrés chinois aimant les jeux linguistiques, l’analogie ne leur aura naturellement pas échappée ... 

La pêche semble avoir pris une place conséquente dans l'iconographie chinoise par le fait qu'elle constitue un cadeau de choix, telle qu'elle mais aussi sous forme de représentation, lors de la célébration des anniversaires, comme vœu bénéfique, mais aussi du fait de la capacité qui lui est prêtée de repousser dangers et maléfices.

thé et céramique the et ceramique

La pêche est également souvent associée à d'autres symboles, très variés, comme la chauve-souris ( autre symbole de longévité, mais qui, dans ce cas précis, symbolise aussi le bonheur ) ou la swastika ( qui, en Asie, représente la loi de bouddha, l'éternité, mais également le mot "beaucoup" en chinois ), façon de composer un message de souhaits et de porter bonheur.

Enfin, la pêche fait partie des Trois abondances, thème graphique où la pêche, qui symbolise bien sûr la longévité, est associée au cédrat main-de-bouddha ( bonheur et richesse ) et à la grenade ( symbole d'une descendance abondante ).

symbole de la pêche
Mizusashi avec prise en forme de pêche avec deux feuilles

8 mars 2014

Transfert, pochoir ou manuel : le décor de la porcelaine

dragon chinois

D'un point de vue strictement pratique, l'utilisation d'une porcelaine ancienne ou moderne ne change pas grand chose pour le buveur de thé ... et pour être un peu provocateur, j'irais même jusqu'à dire que les anciens, en présence d'une pâte de porcelaine moderne, préfèreraient vraisemblablement cette dernière à une pâte de leur époque ... Pourquoi ? Tout simplement car la pâte de porcelaine actuelle, avec son raffinage mécanique poussé et la disparition quasi totale d'oxydes ferriques, fait qu'aujourd'hui la porcelaine la plus bas de gamme atteint, voire dépasse, les standards de qualité élevés de la porcelaine impériale.

Par contre, il n'en serait certainement pas de même pour les techniques de décoration "modernes" que sont les transferts ou décalcomanies et autres utilisations de pochoirs ... Ces techniques de décor ( qui ne sont pas si "modernes" que çà, l'apparition de décors appliqués en décalcomanie datant, en Europe, de la première moitié du XIXème siècle ) étant la plupart du temps de qualité inférieure à ce qui se faisait avant leur utilisation.

Si le décor appliqué sur le contenant ne changera rien au goût du contenu, il est toujours utile de savoir si l'on ne vous vend pas du décor de grande série au prix du décor fait main ... et pour ceci, quelques "techniques" très simples permettent de faire rapidement la différence.

Pour bien comprendre quelles sont les porcelaines qui ne sont pas décorées manuellement, il faut d'abord comprendre comment s'effectue le décor manuel de celles-ci.

Techniques du décor manuel :

En premier lieu, il y a ce que j’appellerai le jeu des milles erreurs ...

Soba cup
7 tasses d'époque Edo ... cherchez les différences

Si on a la chance de pouvoir juxtaposer une série de pièces au décor identique de prime abord, on se rendra vite compte que des différences sont rapidement perceptibles, pour peu que l'on veuille bien y prêter un minimum d'attention : taille de tel ou tel détail, différence de placement, forme variable, élément manquant ou surnuméraire, ... . Tout cela traduit un décor peint à main levée, directement sur la pièce avant passage au four, que ce soit pour un décor sous couverte ou un décor sur couverte.

Si on a en main qu'une seule et même pièce qui répète sur plusieurs de ses côtés le même décor, on pourra, ici aussi, se prêter au même jeu ...

décor dragon rouge
Vase de fabrication contemporaine à décor entièrement fait à la main ... là encore, cherchez les "erreurs"

Là encore, les mêmes différences, parfois quasi imperceptibles en fonction de la dextérité du peintre, peuvent donc se remarquer plus ou moins facilement.

Mais le plus souvent, le décor ne se répète pas et il n'est pas possible de comparer plusieurs pièces similaires. Dans ce cas, il est nécessaire d'essayer de repérer certains traits caractéristiques de la peinture à la main.

Il faut se concentrer sur les traits, leur régularité et plus encore sur leurs défauts, sur la présence d'erreurs dans le décor, sur des chevauchements de traits qui n’auraient pas dû se produire, sur des débordements d’aplats de couleurs hors des traits qui leur servent de cadre ... naturellement, plus la pièce est peinte à la va-vite, plus les erreurs sont nombreuses :

bouteille chinoise pour tabac à priser
On pose d'abord quelques lignes directrices foncées, puis le fond dans un bleu plus dilué, donc plus clair, pour ensuite tracer les traits complémentaires dans un bleu moins dilué et donc plus foncé ... le tout en évitant de frotter la pièce car les retouches sont presque irréalisables ... pas le droit à l'erreur donc si l'on fait un décor fin ...

Ceci est donc moins valable pour les pièces réalisées avec un grand soin. Il faut alors se concentrer sur les différences de teintes. En effet, la couleur étant appliquée au pinceau, l'artiste ne peut réaliser le décor que touche par touche, ce qui se traduit par un certain dégradé dans la couleur des traits, le début d'un trait étant toujours plus foncé que sa terminaison :

porcelaine chinoise d'exportation

On remarquera également des ruptures de continuité, le peintre "rechargeant" son pinceau de couleur pour pouvoir continuer un trait ou la main du même artiste ayant légèrement bougée pour s'adapter à la forme de son support. De la même manière, les aplats de couleurs ne pouvant être réalisés en une seule fois, on peut y observer des traits de pinceau.

Tout ceci permet désormais de saisir rapidement la différence avec les autres techniques d'application de décors.

Transfert, décalcomanie, pochoir, sérigraphie :

Les transferts ou décalcomanie sont un moyen simple et surtout rapide d'appliquer un décor. La principale caractéristique du transfert est de fournir un dessin d'une parfaite régularité, le-dit transfert étant produit par une imprimante ou par sérigraphie.

décalcomanie sur porcelaine
Ligne parfaite et couleurs uniformes ... un certain manque d'âme ...

Cependant, il n'en a pas toujours été ainsi car les premiers transferts étaient faits à la main, donc ils étaient forcément plus ou moins irréguliers.

Ces derniers ont pourtant une caractéristique commune avec les transferts imprimés ou sérigraphiés, à savoir l'uniformité des aplats de couleur, dans lesquels aucun trait de pinceau n'est visible. Cela semble dû à une limitation technique ; en effet, la peinture manuelle ou mécanique est réalisée sur un support "papier" qui sert à transférer la couleur sur la pièce à décorer ce qui semble gommer les différences de teintes dans les aplats, la cuisson contribuant également à estomper les nuances.

Il faudra donc tenter de repérer les raccords dans le décor plus ou moins bien réalisé, les problèmes, pour les poseurs de décor, se rencontrant souvent sur les bords.

perle sacrée
Pile ...
trésors du Lettré
... et face

Des déchirures ou des pliures peuvent aussi se produire lors de la pose des transferts, la pose de décalcomanie étant presque un art à part entière. Naturellement, plus la pièce est petite, fine ou de forme complexe, plus les accidents risquent d'être nombreux, et ce ne sont pas ceux qui ont réalisé quelques maquettes en plastique d'avions, de bateaux ou de blindés dans leur jeune âge qui me contrediront !

Trésors du Lettré
Encore plus dures à poser que les cocardes de la Luftwaffe, les pivoines et les chrysanthèmes ...

La sérigraphie, qui consiste à appliquer une toile ajourée sur la pièce à décorer pour pouvoir y poser la couleur, fonctionne donc sur le même principe que le pochoir, mais est une technique plus "fine" et qui permet plus de régularité en général. La pose d'un décor grâce à la sérigraphie peut être décelée par l'utilisation d'une loupe, car la toile laisse de fines marques de treillis et les bords sont généralement moins nets qu'un décor de transferts imprimés, marqués par un phénomène ressemblant à des dents de scie, la loupe révélant de fines hachures en zigzag dues à la trame textile.

porcelaine japonaise
Décor appliqué par sérigraphie sur une porcelaine japonaise

Le pochoir est une technique relativement simple à mettre en œuvre et qui est certainement la moins onéreuse à mettre en pratique là où le coût de la main-d’œuvre est peu élevé, car une fois le pochoir réalisé, il peut être utilisé à l'infini et la pose d'un décor au pochoir est d'une exécution plus rapide que la pose d'un décor en décalcomanie. On remarquera cependant souvent des zones de raccords, plus nombreux car les pochoirs sont plus "rigides" que la toile utilisée en sérigraphie.

bone china
En général, quand il faut faire vite, on ne peut faire vraiment bien ...

Cette relative rigidité du pochoir entraine également des bavures de couleur, lors de l'application de celle-ci ou lors du retrait pas assez rapide du pochoir.

bone china
Deux traits pour le prix d'un ...

porcelaine d'époque Edo
Chaque trait est ici réalisé à main levée sur cette porcelaine

Mais le plus souvent, ce sont toute une combinaison de ces techniques qui sont utilisées, et cela même dans les porcelaines de très grande série.

bone china
Chauve-souris et décor stylisé faits au pochoir, lignes tracées à la main avec l'aide d'un "tour de potier", dragon chassant la perle sacrée en décalcomanie

bone china
Décor stylisé fait au pochoir, ligne faite à la main avec l'aide d'un "tour de potier", marque de fabrication et sinogrammes en décalcomanie
On l'aura compris, le décor des plus belles pièces, ainsi que des plus onéreuses et des plus anciennes, est normalement totalement réalisé à main levée, et la mention d'un décor réalisé à la main lorsqu'un transfert ( même réalisé manuellement ) est utilisé est, à mon sens, un abus de langage et relève presque de la malhonnêteté intellectuelle, jouant sur le fait que la clientèle de tels ouvrages n'est souvent pas capable de déceler la différence et croit de bonne foi acheter un décor fait à main levée.

26 février 2014

Exposition " De la Chine aux Arts Décoratifs "

Veste chinoise brodée
Veste longue informelle datant du XIXème siècle, avec un motif dit "glace craquelée" en fond brodé au fil métallique. Photographie © Les Arts Décoratifs / Jean Tholance

Du 13 février 2014 au 29 juin de cette même année, se tient au Musée Des Arts Décoratifs, au 107 rue de Rivoli à Paris, une exposition intitulée " De la Chine aux Arts Décoratifs ", qui propose un parcours dans les riches collections de ce musée, avec la présentation d'objets usuellement conservés majoritairement dans ses réserves, et cette exposition est donc une occasion rare de pouvoir admirer de telles œuvres.

De la Chine aux Arts Décoratifs
Brûle-parfum en bronze patiné en forme de Li Ding. Photographie© Les Arts Décoratifs / Jean Tholance

Fondée à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, la collection chinoise du Musée des Arts Décoratifs s'est ensuite notamment enrichie par de multiples legs et dépôts, ce qui lui confère une remarquable diversité.

Laque de la Chine aux Arts Décoratifs
Double gourde en laque datant du XVIIIème siècle. Photographie © Les Arts Décoratifs / Jean Tholance

Ainsi, à côté des bronzes et autres objets, qui valent à eux seuls déjà une visite, l'exhibition d'une importante partie de textiles mérite d'être soulignée, tant est habituellement difficile la présentation de telles pièces, eu égard à leur délicate conservation.

cloisonné bronze
Brûle-parfum en émaux cloisonnés en forme de Gui surmonté de champignons Lingzhi, symbole de longévité. Photographie © Les Arts Décoratifs / Jean Tholance

Cette exposition sera également l'occasion d'admirer la collection de cloisonnés réunie par Mr David-Weill et la baronne Salomon de Rothschild, ainsi que les collections de céramiques chinoises d'exportation d'Alexandrine Grandjean et de Paul Pannier. On notera enfin l'organisation de divers ateliers, parcours et visites guidées thématiques, dont une consacrée aux "symboles et motifs chinois".

Exposition au Musée des Arts Décoratifs Paris